La supplémentation en vitamine D est recommandée pour tous les nourrissons, directement par voie orale, ou indirectement via le lait des mères supplémentées. La persistance de cas de rachitisme et l’insuffisance de l’exposition solaire ont conduit l’Académie américaine de pédiatrie à actualiser les préconisations en 2008, recommandant d’augmenter la supplémentation quotidienne de 200 UI à 400 UI dès les premiers jours de vie pour tous les enfants de moins de 1 an exclusivement ou partiellement allaités et chez les enfants recevant moins de 1 litre de formule infantile par jour.
Malgré ces changements, entre 2009 et 2016, seulement 27 % des nourrissons recevaient les doses recommandées de vitamine D.
Une enquête sous la forme de questionnaires a été menée auprès de praticiens afin d’analyser les habitudes de prescription de supplémentation en vitamine D, pour les nourrissons et les femmes allaitantes, et de les comparer en fonction de leur pratique :
- D’une part les praticiens exerçant uniquement auprès des enfants (pédiatrie, néonatalogie).
- D’autre part ceux s’occupant des enfants et des mères (médecins généralistes, obstétriciens).
L’enquête révèle des différences importantes en termes de suivi des recommandations, entre les praticiens travaillant uniquement auprès des enfants et ceux prenant aussi en charge les mères. Aucun des deux groupes ne respecte parfaitement les recommandations. En bref,
- Les praticiens exerçant uniquement auprès des enfants suivent plus souvent les préconisations de supplémenter tous les nourrissons, qu’ils soient exclusivement allaités ou non.
- Les médecins généralistes ou obstétriciens laissent plus souvent aux parents le choix de supplémenter la mère ou l’enfant, après explication des deux options possibles (34,7 % vs 22 %). Ces praticiens sont plus nombreux à penser que la supplémentation de la mère est préférée par les parents, qu’elle améliore l’adhésion au traitement et favorise l’allaitement. Ils sont également plus nombreux à recommander la supplémentation de la mère (17,7 % vs 8,9 %).
Pour les deux groupes de praticiens, le respect des recommandations est la raison essentielle de la prescription d’une supplémentation, ce qui témoigne de l’importance de ces dernières. Notons toutefois que d’autres facteurs influencent la décision, puisque dans les deux groupes, les femmes, les praticiens ayant une bonne pratique dans le domaine de la lactation et les praticiens supplémentant leurs propres enfants, sont plus susceptibles de recommander une supplémentation aux femmes allaitantes, à une dose supérieure à celle de la supplémentation prénatale.
Dr Roseline Péluchon
Aul AJ, et al. Infant and Maternal Vitamin D Supplementation: Clinician Perspectives and Practices. J Am Board Fam Med. 2023 Feb 8;36(1):95-104. doi: 10.3122/jabfm.2022.220244R1.