Le tube digestif de l’Homme héberge en permanence d’importantes populations microbiennes que l’on désigne sous le vocable de microbiote. Plusieurs habitats microbiens se succèdent de la bouche à l’anus avec des niveaux de colonisation différents. Le microbiote intestinal est le plus riche. Ce dernier héberge ≈ 2 kg de bactéries et 1014 bactéries, avec une biodiversité importante – plus de 3000 espèces bactériennes y sont présentes où l’on peut dénombrer au moins plus de 10 millions de gènes.
Dans des conditions normales, le tube digestif est stérile in utero. Dans les heures qui suivent l’accouchement, le nouveau-né est exposé à des milliers de micro-organismes dont quelques espèces s’implanteront. Le tractus gastro-intestinal du nouveau-né est colonisé à la naissance par le microbiote fécal et vaginal de la mère ainsi que par les bactéries environnementales. Le processus de colonisation est rapide, puisque 48h après sa naissance, le microbiote fécal de l’enfant contient déjà 108 ufc/g de selles. Le microbiote intestinal sera mâture, proche de celui de l’adulte vers l’âge de 2-3 ans.
Tout au long de ce processus de colonisation, l’équilibre entre les différentes populations microbiennes est clé. On parle alors de SYMBIOSE, qui est favorable au bon état de santé de l’enfant et de l’adulte en devenir.
De nombreux éléments peuvent influencer l’établissement du microbiote intestinal, parmi lesquels l’âge gestationnel de naissance, le mode d’accouchement, l’environnement, le régime alimentaire ainsi que la médication.
L’équilibre entre les populations bactériennes est perturbé notamment dans le cadre d’une naissance par césarienne, d’une naissance prématurée, lors d’une exposition de l’enfant aux antibiotiques ou encore en cas de pathologies (Allergie, Troubles fonctionnels gastro-intestinaux…). On parle alors de DYSBIOSE.
Cette dernière peut être caractérisée selon les situations par : une réduction de la diversité bactérienne, une diminution des bactéries commensales bénéfiques (ex les Bifidobactéries), une augmentation des germes potentiellement pathogènes (=pathobiontes), ou encore une augmentation des bactéries résistantes aux antibiotiques. La dysbiose peut être associée à une augmentation du risque de pathologies futures (allergie, diabète, obésité….).
Références :
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