Quels leviers pour promouvoir l’allaitement maternel ?

Le lait maternel est l’aliment de choix pour les nouveau-nés. L’OMS et l’Unicef recommandent « un allaitement maternel (AM) exclusif dans les six premiers mois de vie, et la poursuite de l’allaitement pendant l’introduction d’aliments sûrs et adéquats jusqu’à l’âge de 2 ans ou plus ». En France, l’AM concerne environ deux tiers (66 %) des enfants à la naissance avec une durée médiane de 15 semaines et un allaitement exclusif de 3 semaines et ½. L’on peut se féliciter que la fréquence d’initiation de l’AM et sa durée ont doublé en 20 ans mais la France est le pays riche ayant le plus faible taux d’initiation de l’AM exclusif en Europe. Afin de continuer à promouvoir cette pratique, il est nécessaire :

  • D’informer les mères et leur entourage des bénéfices de l’AM.
  • De comprendre les facteurs qui influencent l’initiation de l’AM ainsi que sa prolongation.

Pour en savoir plus sur l’épidémiologie de l’allaitement en France : https://pro.laboratoire-gallia.com//beh-allaitement-maternel-maternite/, https://pro.laboratoire-gallia.com//beh-taux-allaitement-maternel/, https://pro.laboratoire-gallia.com//beh-duree-allaitement/

Des avantages prouvés pour l’enfant mais aussi pour la mère

De nombreuses études ont montré les avantages immédiats et/ou à long terme de l’allaitement maternel pour l’enfant, comme la prévention des otites, des infections gastro-intestinales ou respiratoires ou encore la prévention de l’atopie. Pour la mère qui choisit d’allaiter, un AM prolongé est recommandé pour réduire l’incidence du cancer du sein (recommandation de grade B). En bref, voici les associations mises en évidence dans les études sur le sujet :

Impact sur l’enfantAssociation de l’AM à …
Développement cognitifUn meilleur développement cognitif des enfants, renforcé par l’AM exclusif et prolongé (NP2*), probablement en lien avec la composition du lait maternel et/ou le comportement et/ou le QI des mères.
Infections gastro-intestinalesUne diminution de l’incidence des infections gastro-intestinales, renforcée par l’AM exclusif et prolongé (NP2).
Otites et infections respiratoiresUne diminution de la fréquence des otites (NP1) et des infections respiratoires (NP2).
AtopieUne diminution de la fréquence des dermatites atopiques et de l’eczéma (NP2). Le lien entre AM et prévention globale des allergies ou de l’asthme n’est pas prouvé.
Obésité et MCVUne diminution de la fréquence de l’obésité et des maladies vasculaires (NP3).
Mort inattendue du nourrisson (MIN)Une diminution de l’incidence de la MIN (NP3).
Impact sur la mèreAssociation de l’AM à …
Perte de poidsUne moindre rétention des kilogrammes pris pendant la grossesse (NP2).
Cancer du seinUne diminution de l’incidence générale des cancers du sein, d’autant plus importante que l’AM est prolongé (NP2).
MoralUne fréquence moins élevée de dépression du post-partum (NP3).
LibidoUne diminution du désir sexuel et une fréquence accrue des dyspareunies (NP3).

* NP = Niveau de preuve

Quels sont les facteurs qui influencent le choix d’allaiter ?

Le profil des femmes qui allaitent n’a pas changé depuis 40 ans. L’AM est choisi plus fréquemment par les femmes de plus de 25 ans, qui ne fument pas, ont un IMC normal, un niveau d’éducation post-BAC et qui sont actives (NP2). Ce choix est fait très tôt par la femme, avant même d’être enceinte. Les conjoints étant les premiers influenceurs des femmes dans ce domaine, le collège national des gynéco-obstétriciens de France (CNGOF) recommande de les intégrer dans les messages de promotion de l’allaitement et dans les séances de préparation à la naissance (grade B).

Pour aller plus loin : Sociologie de la femme allaitante.

Comment initier un AM dans de bonnes conditions ?

La technique du peau-à-peau (le nouveau-né -NN- est déposé nu ou en couche directement sur sa mère) est de plus en plus pratiquée dans les maternités pour ses bénéfices sur la santé de l’enfant et sur la durée de l’allaitement. Le CNGOF recommande d’installer le NN en peau à peau avec sa mère dans les minutes qui suivent la naissance, sous la surveillance constante des professionnels de la salle de naissance pour la sécurité du NN (grade B). L’allaitement « à la demande » sans intervalle fixe entre les tétées est également recommandé (grade B). L’usage de tétines et de sucettes par l’enfant devrait être reporté une fois que l’allaitement est installé (grade C). Toutefois, en l’absence de données, le CNGOF ne recommande pas de position particulière pour l’allaitement ni l’utilisation préférentielle d’un sein ou des deux pendant les tétées.

Quel(s) rôle(s) des professionnels de santé ?

Les perceptions et l’impact de pratiques professionnelles sur l’allaitement maternel ont été évaluées dans plusieurs études qualitatives. La promotion de cet AM et le jugement des professionnels semble être une source de stress pour les femmes. Des conseils contradictoires durant l’hospitalisation notamment sont pointés du doigt par les patientes. Toutefois, les données ne semblent pas prouver un lien entre l’hétérogénéité de ces discours et une fréquence plus élevée d’échec de l’AM (NP4).
Dans une méta-analyse de 31 études qualitatives évaluant ces aspects, la relation entre la femme et le soignant ressort comme essentielle, avec une demande forte de plus de temps et de soutien. Les visites à domicile de professionnels de santé sont un levier important en faveur de l’allongement de la durée de l’AM.

Pour aller plus loin : Comment accompagner l’allaitement  ?


Référence

Post-partum : recommandations CNGOF pour la pratique clinique, 1re édition, du Collège national des gynécologues et obstétriciens français, coordonné par L. Marpeau, M.-V. Senat, L.